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Salut Tom,

Voilà, malgré ta « résilience » et ta confiance indéfectible dans la vie, tu nous a quittés ce 5 janvier à Paris, entouré des tiens, « sous une neige varsovienne ».

Tu disais que tu te sentais « 100 % juif et 100 % Polonais », et que c’était parfois « très difficile à faire comprendre, à la fois aux juifs et aux Polonais ». Tu semblais souvent, par pudeur, te préoccuper de l’image que le monde pouvait avoir de toi. Tu étais très exigeant en relations, en affections et avec la parole donnée (ou tue), et tu parlais avec coquetterie, à ton âge, de la manière dont les femmes pouvaient te toucher, comme si tu n’avais jamais pu oublier le fait que « à un moment donné (que tu as oublié, c’est la force du refoulement), tu perds la main de Danouta, tu la perds de vue... », comme si tu n’avais jamais pu oublier ce jour d’août 1942 - tu avais 16 ans - où, en pleine chasse aux juifs à Varsovie, tu l’avais « perdue », elle, la meilleure amie de Nelly dont tu étais alors amoureux. Danouta dont tu as toujours été persuadé qu’elle avait été « emmenée à Umschlagplatz, la place dite des transferts, où elle aurait été entassée dans un wagon et assassinée 24 heures plus tard, à Treblinka ou à Madjanek, dans une chambre à gaz ». Tu as fait la première de tes deux tentatives de suicide après cette expérience traumatisante et, au décours de la seconde, tu a voué une reconnaissance éternelle au « dernier psychiatre » de Varsovie « qui t’a parlé, parlé, parlé, ou à qui tu as parlé, parlé, parlé ; tu ne te rappelles pas qui a parlé le plus et à qui », mais il t’a convaincu que si l’Allemagne était battue, « tes dons, tes capacités, tes intérêts, ta drôlerie, tu ne sais plus quoi, te permettraient de devenir un être de valeur qui se débrouillerait seul sans être à la charge de personne ». Il ne s’est pas beaucoup trompé.

Voilà, rapidement expliqué, comment en tant que rescapé du ghetto de Varsovie à qui l’adolescence avait été volée(1), tu as adopté le parti pris des rejetés grâce à des éducateurs comme Joe Finder ou August Aichhorn. Voilà comment tu as remplacé, auprès de tes jeunes patients délinquants ou suicidaires, « la neutralité bienveillante » par l’AAA (l’Attitude authentiquement affective) afin de leur transmettre le sentiment que « chacun peut être aimé ». Voilà comment tu as soutenu les marginalisés et les faibles, et défendu de manière rigoureuse la mémoire universelle de la Shoah ; c’est d’ailleurs ainsi que tu avais pris contact avec moi, en réagissant à une note rédigée pour La Lettre de Psychiatrie Française (no 60, déc. 96, p. 23) où j’évoquais un rapport d’Amnesty International. Voilà comment on pouvait lire ton nom au bas d’une pétition « Le crime d’être Rom », parue dans Le Monde le jour même où tu nous as quittés. Et voilà, je crois que je t’ai reconnu dans le lion de mer de tes Histoires de bêtes(2), avec « une petite tête ronde, des oreilles minuscules et des petits yeux noirs et bridés ».

Salut Tom, plus compliqué et tendre que toi, tu meurs. Tu es un Mensch (Homme, au sens noble, en yiddish). Tu as bien mérité de te reposer, et compte sur nous pour te laisser en paix à présent et pour continuer à accomplir tes espoirs. Toute notre affection va à tes deux filles, Catherine et Elisabeth, et à ton petit-fils Rafik qui confiait que, la veille de ta dernière hospitalisation, tu recevais encore des patients. Sacré Grand-Petit-Homme, tu resteras incorrigible.

G-Y. F.
Strasbourg

(1) L’adolescence volée, Calmann-Levy, 1999.
(2) Histoires de bêtes racontées à ma bien-aimée, Le Pli, 2001.





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Claire Brisset   
  
TOM, un homme d’exception   
  
Pourquoi tu ris ?   
  
Plusieurs vies   
  
Le Quotidien du Médecin [9 janvier 2003]   
  
Le Monde [10 jan. 2003]   
  
AAA toi, Tom   
  
La fureur de vivre   
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