Le
mémento Douleur
(DOULEUR
AIGUE, SOINS DOULOUREUX, DOULEUR CHRONIQUE)
AIDE MEMOIRE POUR LES INTERNES
GHU EST
Il
n’y a pas une mais des douleurs.
On
distingue les douleurs :
-
aiguë et chronique (à partir de 3 à 6 mois) ;
-
de mécanisme nociceptif (répondant aux analgésiques) et neuropathique
(relevant des antidépresseurs et des antiépileptiques)
Certains
types de douleur relèvent de traitements spécifiques : AINS
ou corticoïdes douleurs pour des douleurs
inflammatoires, triptans pour crise de migraine, antispasmodiques pour des
douleurs viscérales … Les opioïdes forts ne soulagent pas toutes les douleurs
intenses par exemple : crise de migraine, douleur psychogène ou composante
dépressive majeure, certaines douleurs neuropathiques….
1.
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR AIGUE
(dans
les premières heures) AUX URGENCES
1.1.
GENERALITES
La peur de masquer un signe clinique utile au diagnostic pouvant aider au diagnostic
étiologique a longtemps été un frein au traitement des douleurs "aux urgences". En réalité, il n’y a pas de différence en ce qui concerne la précision
diagnostique, par exemple des
douleurs abdominales aiguës, avant et après la prescription d'un antalgique opioïde fort. Des publications récentes
n'observent pas de différence, en ce qui
concerne la précision diagnostique, avant et après la prescription d'un
antalgique opiacé dans les douleurs abdominales aiguës.
Dans tous les cas, le bon sens prudent doit
rester de mise dans un tableau sans diagnostic étiologique. Les possibles inconvénients
d'une prise en charge précoce de la douleur seront limités si l'on note
minutieusement:
- les constatations
cliniques avant traitement,
- l'horaire et le type
de traitement effectué
Outre
les motifs éthiques, la prise en charge rapide de la douleur aiguë permet d'éviter ses conséquences néfastes en
réduisant l'état de stress physique et psychologique pouvant aggraver l'état
pathologique initial.
Ainsi, à titre d’exemple :
-
dans l'infarctus du myocarde,
la douleur majore les réponses sympathiques réflexes aboutissant à une
augmentation du travail cardiaque et à un accroissement de l'ischémie.
-
chez le traumatisé thoracique,
la douleur réduit les possibilités d'expectoration, facilite l'encombrement et
peut compromettre la fonction respiratoire.
-chez
les traumatisés des membres,
la douleur peut provoquer une agitation aggravant les lésions et rend difficile
le bilan lésionnel initial. La douleur initiale peut induire des manifestations
réflexes anormalement intenses et prolongées facilitant la persistance de
contractures musculaires , voire l'apparition ultérieure
d'algodystrophie.
-
la pression intracrânienne d'un traumatisé
crânien peut augmenter sous l'effet de la douleur.
1.2. STRATEGIE
DE PRISE EN CHARGE
1.2.1 LES
TRAITEMENTS ETIOLOGIQUES ET SPECIFIQUES
Les
traitements étiologiques doivent être entrepris dès le diagnostic posé : immobilisation en cas d'entorse ou de fracture,
évacuation d'une collection purulente, colchicine dans une crise de goutte, aspiration
digestive en cas de syndrome occlusif...
Certains
traitements spécifiques devront être
envisagés par exemple les triptans
dans la migraine ou l’algie vasculaire de la face, les antispasmodiques (Spasfon Ò,
Viscéralgine simple Ò)
dans certaines douleurs digestives ou urologiques .
Analgésie loco-régionale. Certains blocs nerveux peuvent
assurer une excellente analgésie en urgence (bloc crural pour les fractures du
fémur, bloc axillaire pour les
traumatismes du bras et de l'avant bras, voire infiltrations du foyer de
fracture ou d'une articulation...). C'est une technique pratiquée de plus en plus fréquemment par
les anesthésistes ou les urgentistes.
1.2.2 PRINCIPES DE LA CONDUITE
D'UN TRAITEMENT ANTALGIQUE.
Dans
de nombreux cas, il sera entrepris avant la confirmation du diagnostic pendant
l'attente des examens paracliniques ou avant l'apparition retardé des effets antalgiques du traitement étiologique.
Evaluation chiffrée de
l’intensité de la a douleur à l’aide d’une échelle
d’auto-
évaluation :
EVA : échelle
visuelle analogique (0 = absence de douleur, 10 = douleur maximale imaginable)
EN : échelle
numérique (de 0 à 10)
EVS : échelle verbale
simple : douleur faible, modérée, intense ,
extrêmement intense.
Le traitement de la douleur nécessite une évaluation pluriquotidienne de
l’intensité avant et après traitement et des réévaluations régulières, périodiques.
Les échelles EVA, EN ou EVS permettent le suivi d'une douleur chez un patient, et
oriente le choix du palier d'antalgique.
Rappelons que ces échelles, qui évaluent l’intensité de la douleur, sont
globales. Elles intègrent différentes composantes de la douleur (sensorielle et
émotionnelle). La prise de décision thérapeutique se fait plus sur les données d’une
évaluation globale (entretien, examen, diagnostic retenu ou probable) que sur
le seul score d’une échelle.
Chez les patients qui ont une communication
verbale altérée, on sera attentif aux manifestations pouvant évoquer la
présence de douleur : expression du visage, positions antalgiques,
comportement …). On peut utiliser certains items
des échelles d’observation chez le sujet non communiquant (Doloplus, ECPA)
Maintien
préalable de conditions hémodynamiques et ventilatoires stables
et surveillance de l'éventuelle répercussion sur les fonctions circulatoire et
respiratoire du traitement.
En cas d'insuffisance respiratoire évolutive ou post traumatique (volet
thoracique) l'utilisation de morphinique, si aucune autre solution antalgique ne
peut être envisagée, implique que les fonctions respiratoires soient ou
puissent être contrôlées rapidement (présence de moyens d'intubation et de
ventilation)
Un état hémodynamique instable (hypovolémie, insuffisance cardiaque) peut
être décompensé par l'administration de morphine du fait de la baisse des
résistances périphériques. Son utilisation implique alors la possibilité de contrôle hémodynamique: voie d'abord
veineux, remplissage. La péthidine (DolosalPrise en compte
de l’état neurologique avec
un examen neurologique
détaillant notamment le niveau de vigilance.
En cas de traumatisme crânien, l'action des
morphiniques sur l'état de conscience, sur les réflexes (notamment pupillaire)
et sur le tonus gêne la surveillance neurologique du patient. De plus la
morphine peut faciliter une hypertension intracrânienne par le biais d'une
hypercapnie. Précautions d'emploi: noter l'examen neurologique, et contrôler la
respiration.
1.2.3
MANIEMENT DES ANTALGIQUES
On privilégie les 'administrations permettant un parentérale du fait du délai
d’action rapide : les
formes à libération immédiate (LI) et la forme I.V.et de la durée
d'action courtes. La durée d’action est de 4 h. La cinétique
de l’effet antalgique oblige à des réinjectionsré-administrations et des réévaluations
fréquentes de la douleur entre deux administrations.
Le choix d’un antalgique
est guidé par le niveau d’intensité de la douleur et/ou par la résistance à une
molécule antérieure (administrée à bonne posologie) .
Douleur
légère à modérée.
- Antalgiques non
opioïdes (paracétamol, aspirine, AINS...)
- Association paracétamol- opioïide faible.
- Tramadol, Néfopam
Douleur
moyennement
intense à très intense
-
AINS
-
Morphine
Les associations morphine avec AINS ou paracétamol peuvent être utiles
Opioïdes forts
(morphine, fentanyl, nalbuphine...). La morphine est
l'analgésique puissant de référence.Ne
pas associer un morphinique agoniste-antagoniste (ex: buprénorphine (TemgésicÒ) à un agoniste pur: les effets de ce dernier sont
partiellement ou totalement neutralisés.
Penser au retentissement sur une
anesthésie ultérieure: Ttous les produits antalgiques utilisés administrés devront être signalés de
façon précise ( nom de la molécule administrée, dose,
horaire) au médecin anesthésiste.
1.2.4
TITRATION DE LA MORPHINE I.V. ,
DESCRIPTION DE LA PROCEDURE AUX URGENCES :
Bolus
I.V. de 1 à 2 mg de morphine
Réinjections
à
intervalle régulier toutes les 5 à 10 minutes jusqu'à obtention
d'un certain
soulagement de
la douleur mesuré et significatif
pour le patient ( en pratique souvent plus de 50%). de la douleur
On prescrit une surveillance : échelle sédation et fréquence respiratoire
(FR).
L'apparition
d'une somnolence sédation (échelle
de sédation) est l’indicateur le plus pertinent pour surveiller l’apparition d’une dépression respiratoire ; la somnolence excessive (S2) est le meilleur signe pour détecter un surdosage. La dépression respiratoire est confirmée si la FR est inférieure à 10/min.
Après soulagement obtenu, selon la durée
prévisible de la douleur, on prévoit
un relais et un entretien par de la de faibles
doses répétées de morphine injectable ou orale avec surveillance de la douleur et de la sédation. calculées à partir de la quantité initiale
nécessaire pour soulager le patient.
Echelle de sédation : |
S0
= Patient éveillé S1
= Somnolent par intermittence, facilement éveillable S2
= Somnolent la
plupart du temps, éveillable par stimulation verbale S3 = Somnolent la
plupart du temps, éveillable par stimulation tactile |
En cas de surdosage, la
dépression respiratoire est réversible par la naloxone (Narcan Ò), antagoniste
des morphiniques
titration par ml (1A de 0,4 mg diluée dans 10 ml), puis entretien pendant la durée d’action de l’opioïde
administré.
1.2.5
COMPOSANTE ANXIEUSE
La prise en charge de la composante anxieuse fait partie de la prise en charge du patient
douloureux : climat de confiance,
réassurance, explications, écoute de la plainte...
Les anxiolytiques ne possèdent pas d'action
analgésique propre. Leur utilisation concomitante avec des morphiniques
oblige à une surveillance plus stricte de la respiration et de la vigilance des
patients (potentialisation des effets secondaires). L’utilisation en
association avec des opioïdes expose à plus d’effets
indésirables.
- Analgésie
loco-régionale: Certains blocs nerveux peuvent assurer une excellente analgésie
en urgence (bloc crural pour les fractures du fémur, bloc axillaire pour les traumatismes du bras et de l'avant bras,
voire infiltrations du foyer de fracture ou d'une articulation... ). C'est une
technique pratiquée de plus en plus
fréquemment par les anesthésistes.
Les anesthésies
locorégionales rachidiennes ne sont envisageables qu'en structure
périopératoire ou en réanimation (péridurale thoracique pour volet costal)
( mélange
équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote2. SOINS DOULOUREUX
- Importance de la relation soignant/soigné
-
Prendre le temps d’informer de la finalité de l’acte, du déroulement du soin et
de la procédure antalgique utilisée
-
Gestion de l'angoisse,
détournement de l'attention, éventuellement anxiolytique
-
Les antalgiques de niveau 1
n'ont pratiquement pas
d’indication dans les douleurs provoquées.
-
Les produits de choix isolément (ou en association) sont les :
- Anesthésiques locaux (EMLA, Xylocaïne…)
-
Analgésiques opioïdes faibles ou forts
-
Notamment, Interdose de morphine (1 h avant si PO, 15 min avant
si IV, ½ h si SC)
-
MEOPA (voir encadré )
-
S’assurer, en fonction du produit choisi, que le délai d’efficacité est bien
respecté au moment du geste.
-
Anticiper quelle
sera la procédure antalgique de secours en cas d’antalgie insuffisante durant
le soin.
-
Prévenir, s’il y a lieu les suites douloureuses du soin.
- Dans tous les cas, des échecs itératifs
de la procédure antalgique doivent conduire à demander l’avis d’experts dans le
domaine.
- MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote)
(KalinoxÒ) selon les règles d’utilisation des établissements , par des personnels formés, antalgie légère, soins < 45min.
Effets
cliniques : analgésie de surface :
les effractions cutanées sont peu ou pas douloureuses ("j'ai senti mais je n'ai pas eu mal")
- anxiolyse associée à une euphorie
- sédation consciente :
l'état de conscience est modifié, le sujet reste vigile, réagit avec
l'environnement et peut dialoguer avec l’infirmière
-
modifications des perceptions sensorielles, pseudo-rêve, paresthésies au niveau
buccal et des extrémités,
Effets indésirables : réversibles en
quelques minutes : nausées et vomissements sans
incidence clinique (les réflexes laryngés sont présents), sédation plus
profonde, malaise, dysphorie
Indications : les gestes de courte durée (moins de 30 minutes).
Effraction cutanée : ponction lombaire,
myélogramme, ponction veineuse, petite
chirurgie, ablation de corps étrangers ou de drains, pansements, sondage
vésical…
Contre-indications
très rares et très limitées : Hypertension intracrânienne, altération de
l’état de conscience non évaluée, pneumothorax, bulles d’emphysème, distension
gazeuse abdominale, fracture des os de la face.
Association
médicamenteuse : Le risque de potentialisation par un psychotrope
(benzodiazépines) ou un opioïde est
réel mais parfois recherché (en cas d'échec du MEOPA seul).
Les
points à respecter pour une première inhalation : Préparer le patient,
bien lui expliquer qu'il ne va pas dormir, que ses perceptions sensorielles
vont être modifiées.
Favoriser l’auto-administration.
L'inhalation
doit obligatoirement durer un minimum de 3 minutes avant le début du
geste.
Le masque doit être appliqué sans fuite sur
le visage durant ces 3 minutes.
Bénéfices
de la méthode : Rapidité d’action, réversibilité, sécurité, jeûne non
nécessaire, simplicité.
Inconvénients : Puissance faible : 10 à 30 %
d’échecs sont observés è
il faut alors prescrire des produits plus efficaces.
3. DOULEUR CHRONIQUE
3.1 GENERALITES
-
Toute douleur chronique relève d’une approche
à la fois somatique et psychosociale.
-
Analyser et prendre en charge l’ensemble des facteurs modulant l’intensité de
la douleur
-
On distingue les douleurs chroniques d’origine non maligne et les douleurs cancéreuses.
-
L’évaluation d’une douleur chronique d’origine non maligne peut bénéficier
d’une évaluation globale par une équipe pluridisciplinaire ; un seul traitement
pharmacologique est généralement insuffisant
-
Les formes d'administration les plus « confortables » doivent être
privilégiées.
- Veiller aux horaires des prises.
-
Il faut prévoir un traitement préventif
de la douleur sur l'ensemble de la journée (forme LP) et un traitement
« si besoin », « en cas d’accès », (interdose, forme
LI).
-
Le traitement
de la douleur nécessite une évaluation pluriquotidienne de l’intensité avant et
après traitement
Les échelles
visuelle analogique ou numérique d'évaluation de l’intensité permettent le
suivi d'une douleur chez un patient, et oriente le choix du palier
d'antalgique.
La
prise en charge de la composante
anxieuse ou dépressive fait partie de la prise en charge du patient
douloureux.
-
Savoir combiner les traitements du
symptôme et de la cause de la douleur.
-
Le traitement de la cause fait partie du traitement de la douleur :
antibiothérapie,
chimiothérapie, radiothérapie,
hormonothérapie,
chirurgie, immobilisation…
3.2 DOULEUR NOCICEPTIVE
Ce
sont les douleurs liées à des lésions tissulaires.
Elles
ont un rythme mécanique ou inflammatoire.
3.2.1 LES DOULEURS NOCICEPTIVES
RELEVENT DES ANALGESIQUES (paliers
de l’OMS)
Palier 1 (douleur légère à modérée)
-
paracétamol 4000 mg/j
-
AINS à dosage antalgique : ibuprofène (1200 mg/j)
Palier 2 (douleur modérée et/ou non soulagée par palier 1)
- codéine : (Efferalgan
Codéine Ò), 6 à 8 C/j
(environ 10 % de la dose
de codéine est métabolisée en morphine ; mêmes effets secondaires à prendre en compte)
-
dihydrocodeine : DicodinÒ LP 60mg 1C/12 h
- dextropropoxyphène( associé
au paracétamol) : DiantalvicÒ
6 c/j
- tramadol: (nombreuses
présentations par ex. TopalgicÒ)
agoniste µ ; inhibition de la
recapture des monoamines
Formes LP à privilégier
(matin et soir), avec interdoses possibles (max = 400 mg/j)
Palier 3 (douleur
intense et/ou douleur non calmée par
palier 2)
La morphine n'a pas de dose fixe, ni de dose maximale (contrairement
aux antalgiques de paliers 1 et 2).
Bien tolérée, la dose peut être augmentée jusqu'à une antalgie satisfaisante.
Il faut vérifier la
clairance de la créatinine avant l'institution du traitement pour prévenir le
surdosage. On sera également prudent en cas de dénutrition ( (Albumine
< 30g/l)
COMMENT DEBUTER UN
TRAITEMENT OPIOÏDE
:
Morphine LI ( ActiskénanÒ,
SévrédolÒ)
A privilégier si sujet
fragile, âge élevé ou insuffisance rénale : 5 mg PO, toutes les 6 h ou si
besoin (en réévaluant la douleur et la
tolérance régulièrement)
Adulte : 10 mg
PO, toutes les 4 h
Morphine LP : 30 mg matin et soir (ou
10 mg si sujet fragile)
Les gélules de SkénanÒ
peuvent être ouvertes et s’administrer dans une sonde gastrique
(mais pas le MoscontinÒ
qui ne doit pas être écrasé)
Prévoir des interdoses de morphine LI dont
la durée d’action est de 4 h et l’effet
maximum apparaît en 60 minutes. La dose est
de 1/10 à 1/6 de la dose LP sur 24 h. Le renouvellement peut se faire
toutes les heures. Au delà de 4 prises successives en 4 heures, la douleur et
la stratégie thérapeutique doivent être réévaluées.
La
réévaluation du soulagement des effets indésirables permet d’ajuster le
traitement. Lorsque le malade prend
régulièrement plus de 3 à 4 interdoses par jour, hors accès liés aux soins,
ces interdoses doivent être intégrées dans la dose totale quotidienne de
morphine LP.
Un changement de molécule (rotation) vers DurogesicÒ,
SophidoneÒ,
ou OxycontinÒ est à
envisager en cas d’effets indésirables non contrôlés par un traitement
symptomatique adéquat (Tableau équivalence, ci-dessous ).
Un
changement vers la voie parentérale est envisagée si la voie PO est impossible
ou si effets indésirables non contrôlés.
Si
la douleur est instable avec des accès douloureux non contrôlés par morphine LI
PO, on peut avoir recourt à une PCA.
Fentanyl
(Durogésic Ò « patch »
)
Indication :
intensité stable dans la journée, déjà
titrée en morphine ; voie orale difficile ou mauvaise tolérance
de la morphine nécessitant une rotation des opioïdes (rotation = changement
d’un opioïde fort pour
optimiser
le rapport efficacité / effets indésirables).
Relais
de la morphine vers le patch :
-
dernière prise de morphine LP en même temps que pose du 1er patch ;
-
poursuivre la morphine parentérale pendant 12 h après la pose du patch ;
-
prévoir interdoses de morphine LI (si besoin).
Précaution
d’emploi : fièvre, déshydratation, peau lésée, douleur instable, respect de
l'intégrité du patch, insuffisance rénale.
Si
après 6 j (2 patchs), les interdoses sont toujours > ou = à 4 par jour, on
peut passer à la concentration supérieure.
Note :
Les agonistes/antagonistes µ (NubainÒ,
TemgesicÒ) ont un effet plafond et ne sont pas
considérés comme de réels paliers 3.
Ils
ne doivent pas être associés à un agoniste opioïde comme la morphine ou la codéine. Ils peuvent être associés aux
antalgiques non opioïdes du palier 1.
Tableau d’équivalence des opioïdes de palier 3
Dans
le choix d’un coefficient d’équianalgésie, prendre en compte le besoin
d’augmenter ou de diminuer la dose et de privilégier la sécurité ou l’efficacité.
Par
exemple lors d’une relais per os -> IV pour un
patient recevant 300 mg/j per os de
morphine, non soulagé et sans effet secondaire, donner 150 mg IV/j
(ratio ½)
plutôt
que 100mg (ratio 1/3).
|
|
Exemples |
Palier 2 à dose max par
jour |
< morphine 60mg /j |
Efferalgan codéineÒ
6C/j moins efficace que 60 mg/j de morphine |
Morphine voie IV |
= dose morphine PO /2 ou PO/ 3 selon les
auteurs |
300 mg Morphine IV = 600 mg ou 900 mg /j
morphine orale |
Morphine voie SC |
= dose morphine PO /2 |
300 mg de morphine SC = 600 mg
de morphine orale |
Dose
de l’interdose morphine LI |
= 1/6 à 1/10 morphine
LP/j |
ActiskenanÒ
30 mg pour
SkenanÒ 300 mg/j |
Dose
DurogesicÒ
(mcg/h) |
= dose morphine LP mg/j /2 |
DurogesicÒ 100 (mcg/h) = 200mg morphine LP /j |
Hydro- morphone SophidoneÒ |
M / H : 7,5 |
30 mg de
morphine LP orale = 4 mg hydromorphone |
Oxycodone OxycontinÒ |
M /O = 2 |
60 mg de
morphine LP orale = 30 mg d’oxycodone |
Oxycodone
LI OxynormÒ |
1/10 dose Oxycondone LP /j |
Interdose Oxynorm 5mg
pour Oxycontin 40mg/j |
Nécessité d'information du
patient sur les effets indésirables :
-
les effets peuvent bénéficier d’un traitement correcteur ou s'estomper au bout
d'un certain temps.
-
il n'y a pas de toxicomanie induite si le traitement est conduit selon les
règles proposées dans des indications classiques (douleurs cancéreuses)
-
la morphine ne veut pas dire phase avancée de la maladie
Constipation : Elle est constante et
à traiter de manière systématique (ex : ForlaxÒ
2/j)
Nausées (les nausées ne persistent
généralement pas plus de qq j, présentes chez environ 1/3 des patients) :
antinauséeux classique ou Haldol faibleÒ
5 à 10 gtts/j
Somnolence initiale
associée à une antalgie efficace ne signifie pas surdosage, mais peut être en
rapport avec la dette de sommeil.
Le
patient est alors réveillable facilement èInformer.
Sédation de la vigilance persistante :
diminution de la dose ou rotation d’opioïde
Prurit : répond parfois
aux anti H1
Hallucinations :
hallucinose (reconnue par le sujet comme inexacte) de début de
traitement : Haldol ; hallucination : diminution de la
dose ou rotation d’e opioïde
Rétention d’urine : sondage
vésical évacuateur ou utilisation de Mestinon/prostigmine ;
Effets indésirables non contrôlables :
vérifier l’indication, changer de voie d'abord ; changer d’opioïde de
palier 3 (rotation des opioïdes)
L'arrêt des opioïdes
se fait de manière progressive en respectant l'antalgie nécessaire par baisse
d'environ 1/3 à ½ de la dose toutes les 24 à 48 h.
Un
surdosage est à évoquer en cas de
somnolence signe plus précoce qu’une bradypnée (stimulation de la vigilance, arrêt
de la voie parentérale et/ou naloxone, voir paragraphe 1.2.3).
ASSOCIATIONS INTERESSANTES EN CANCEROLOGIE
Corticoïdes =
HTIC, compression nerveuse avec les règles de suivi de la corticothérapie
AINS et opioïdes : douleurs de métastases osseuses
3.3 DOULEURS
NEUROPATHIQUES
(Anciennement par
désafférentation ou neurogènes)
On les reconnaît sur la clinique :
- fond continu : douleurs à type de brûlure, paresthésies,
- accès paroxystiques : décharges électriques,
Les douleurs neuropathiques sont souvent systématisées à un
territoire neurologique.
Rechercher une hypoesthésie ou une hyperesthésie dans le
territoire.
Tricyclique (par exemple amitriptyline (LaroxylÒ) :
début 10 à 25 mg au coucher, à augmenter progressivement suivant la tolérance de 10 à 25
mg tous les 3 j en fonction de la tolérance, dose habituelle 75 mg, efficacité
retardée 10 à 15 jours.
Gabapentine
(NeurontinÒ),
début 300 mg 2 fois par jour, ajustement progressif, fonction de la tolérance,
dose efficace (1200 à 2400 mg/j), dose souvent réduite chez le sujet âgé
Carbamazépine
(TégrétolÒ):
Névralgie essentielle du trijumeau
Pour
en savoir plus : L’essentiel de la
prescription antalgique en pédiatrie (Armand Trousseau)
Liens
internet :
www.setd.douleur.org
www.pediadol.org
www.institut-upsa-douleur.org
Standards,
Options et Recommandations : www.fnclcc.fr
Pour
contacter les équipes Douleur et/ou Soins Palliatifs de votre Hôpital :
Charles
Foix & Jean
Rostand |
01
49 59 40 00 Bip
21-78 01
49 59 44 78 |
Joffre
Dupuytren |
01
69 83 63 93 |
Pitié
Salpetrière -
Douleur |
01
42 17 67 38 |
-
Soins palliatifs |
01
42 16 25 71 |
Saint
Antoine |
01
49 28 23 08 |
Tenon |
01
56 01 70 49 |
Trousseau |
01
44 73 65 19 |
Rothschild |
01
40 19 36 80 |
Document validé par :
D. ANNEQUIN, V. BELLAMY, M. BENAMOU, F. BONNET, F. BOUREAU (Coordonnateur), P.
BOURGEOIS, F. CESSELIN,
E. COLLIN, P. FOUASSIER, A. LANGLADE,
A. LASSAUX, M. LEVY-SOUSSAN, S. ROSTAING,
A. SACHET.
Mise à
jour septembre 2005